L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) commencerait-elle à s’impatienter ? Dans son rapport d’activité 2012 publié la semaine dernière, elle rappelle une nouvelle fois qu’elle attend de pied ferme la publication d’un arrêté ministériel afin d’accéder directement aux données individuelles de l’Assurance maladie. Histoire, bêtement, de pouvoir faire son job…
Cet arrêté, c’est à la Direction de la Sécurité sociale (DSS) qu’il revient de le prendre. Sauf qu’elle n’en fait rien. L’ANSM est donc condamnée à utiliser les données que l’Assurance maladie veut bien lui fournir qui présentent la plupart du temps un sérieux retard. C’est un peu, écrivions nous déjà sur le sujet en mai, comme de confier la régulation de la circulation routière à un fonctionnaire de police dont les yeux auraient été bandés.
La Sécurité sociale se croise les bras…
Dernier exemple en date, celui d’une étude sur le méthylphénidate, un médicament utilisé dans le traitement de l’hyperactivité, que l’ANSM a publié la semaine dernière. Une publication, notons le au passage, consécutive au buzz médiatique provoqué par les chiffres de consommation de Celtipharm (un des membres fondateurs de l’Initiative) sur ce même médicament que Le Parisien a révélés quelques semaines auparavant.
Le point d’information rendu public par l’ANSM contient des données fournies par l’Assurance maladie portant sur le nombre d’utilisateurs. L’information est évidemment cruciale pour qui souhaite vérifier dans quelle mesure les prescriptions du médicament évoluent. Sauf que ces données datent de… 2011. Autrement dit, si un problème aurait dû être constaté c’est deux années trop tard. Et ce qu’il s’est passé depuis ? L’ANSM le saura en 2015. Bref, elle navigue à vue. L’Agence ne perd pas une occasion de le rappeler.
… Le citoyen se croise les doigts
En décembre déjà, elle annonçait que 2013, « verrait le lancement d’un premier programme de travail en matière de pharmaco-épidémiologie ». Près de 8 mois plus tard, la DSS attend toujours on ne sait trop quoi pour prendre l’arrêté. Un simple bout de papier qui permettrait d’entériner une décision du comité de pilotage de la base de données de l’Assurance maladie favorable à ce que l’ANSM accède directement à ses informations et qui date de juin 2012.
Un simple bout de papier qui permettrait des avancées en matière de pharmacovigilance dont la portée va bien au-delà de toutes les promesses réunies que les politiques ont tenues après le scandale du Mediator. « Il est souhaitable que cet arrêté soit publié rapidement pour permettre le lancement effectif du programme de travail », explique-t-on à l’ANSM qui a déjà dressé une liste de toutes les choses passionnantes qu’elle pourrait faire si elle disposait d’un accès direct aux données. En attendant, il n’y a qu’à se croiser les doigts en espérant très fort qu’un nouveau scandale ne se produise pas.